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Témoin d’une scène unique au monde, si toutefois on en excepte le Valais, je le fus.




Dans les paroisses de montagne, la danse entre les deux sexes étant vue de mauvais œil, il en résulte que les jeunes filles, bien que les pieds leur en démangent, sont condamnées à rester spectatrices d’un bal sans oser y participer. Valses, polkas et galops, avec tout leur charme entraînant, retentissent à leurs oreilles comme un ironie perpétuelle du sort. Cette privation leur est d’autant plus dure que le goût de la danse est inné chez les Valaisans. Ils naissent danseurs comme d’autres naissent musiciens…


Les valseuses ainsi exclues des bals, les hommes se dédommagent de cette lacune en dansant entre eux, et cela avec un bonhomie, un sérieux qui rendrait la chose ridicule, ou tout au moins comique, si un usage aussi étrange n’avait passé dans les mœurs. Un voyageur en demeure ébahi, mais ici cela ne prête à rire à personne.




… On vit ici en pleine pastorale.




Forêts, ombrages, cascades, torrents, ruisselets, frais pâturages, rien n’y manque. On y rencontre aussi des bergers qui jouent de la cornemuse et des bergères qui mènent paître leurs troupeaux à l’ombre des hautes futaies.




Mais pardon; qu’on ne s’attendent pas à trouver ici les descendants de ceux du Lignon. Nos gars n’ont point beau langage ni les sentiments raffinés. Ils ignorent le madrigal et ne composent pas de sonnets. Nos jeunes filles ne viennent pas filer leur quenouilles au bord de l’onde transparente. Elles portent des souliers ferrés et tricotent des bas de laine. L’hiver, elles font tourner leurs rouets et ne lisent pas de romans. De même que la nature, les gens ici sont sans fard, gens à la rude écorce, mais au parler d’or.




Dans le siècle où nous vivons, siècle de progrès, mais aussi de hache et de cognée, la vue de ce peuple aux mœurs naïves et surannées, fidèle aux traditions qu’il a reçues de ses ancêtre, immobile comme le sol qui l’a vue naître, nous saisit d’étonnement.

    Ecrit en 1885