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La Tour de Granges, qui n’est plus aujourd’hui qu’un amas de pierres destinées à la construction de la nouvelle église du lieu. Avant que sa voisine, la vieille tour de Chalais, ait subi le même sort, il est peut-être utile, en fouillant les secrets de son passé, de plaider faveur de son avenir.



En entrant au grand village de Chalais, mollement assis à l’entrée des gorges de Réchy, par le chemin qui vient de Noës, le regard s’arrête, interrogateur, sur une grosse tour décapitée, dressée sur une petite éminence. Sa lourde carrure, sa face patinée et trouée d’étroites meurtrières, ces derniers vestiges d’un mur d’enceinte à fleur du sol, tout indique en elle un glorieux survivant de la grande tragédie féodale, qui vit tomber, les uns après les autres, les orgueilleux castels des seigneurs valaisans, sous les coups furieux de la colère du peuple.



Cette tour, que sept siècles déjà ont respectée, était la demeure, avec les dépendances qui ont disparu, de la noble famille des de Chaley.

En 1220,  y vivait Guillaume de Chaley, chevalier et homme lige de l’évêque Landrie de-Mont ; en 1260 Boson de Chaley était homme lige ou vassal de Guillaume de la Tour ; il fut inhumé au prieuré de Géronde. Sa veuve, Amphélise de Chaley, vendit à l’évêque Boniface de Challant, l’usufruit de Chalais et d’autres biens situés à Vercorin, mais l’héritage revint à Ulrich de Bluvignon, d’Ayent, frère utérin du testateur.

En 1339, sous l’épiscopat de Philippe 1er de Champeulhac, la tour de Chalais relevait du fief de Montjovet, à Oranges. Puis au  commencement du XVI siècle, elle était la propriété des De Chevron, devenue vidomes de Chalais, seigneurs de Sierre, de Rarogne, de Naters, de Viège et autre lieux.



En 1570, Nicolas de Chevron, dernier du nom, vendit le vidomnat de Chalais à l’évêque Hiltebrand de Riedmatten qui l’unit enfin à la mense épiscopale.



On ne sait rien de précis sur la ruine de ce vieux château, mais il est vraisemblable qu’il a dû disparaître pendant les luttes qui ensanglantèrent le Valais sous la Réforme, et que l’invasion française lui donna le dernier coup. La tour, elle, a résisté jusqu’ici à tous les assauts.



Mais voilà qu’aujourd’hui, pour arrondir un petit lopin de vigne, un brave paysan mine sa base et lui fera perdre l’équilibre, un beau jour, où elle s’écroulera. Elle est cependant digne d’un meilleur sort : tant de titres de gloire, tant d’intéressants souvenirs méritent mieux qu’une démolition sommaire, en vue de gagner quelques toises de terrain, alors qu’il y a autour de nous, tant d’hectares en friche qui attendent encore le pic et la pioche.



L’avenir de la Tour de Chalais est entre les mains des historiens et des archéologues, nous sommes certains qu’ils sauront la défendre.

    Gazette du Valais, 12 mars 1910