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Est-ce le plus ancien texte patois connu en Valais ? Toujours est-il qu’il date de la fin du 18e siècle, de 1787, vraisemblablement.

Une lettre pleine d’humour pour annoncer une naissance, le nom du bébé, s’assurer d’une maraine de proche parenté, annoncer le menu de la fête et faire l’invitation, tout en ordre !

Question faire-part, deux cents ans plus tard, on ne fait pas mieux. Et pour qui veut s’en inspirer… Il n’y a plus de droits d’auteur.

***

 

Zaley, dix hauri apris    Chalais, dix heures
miezor. Le bon zor, bonzor    après-midi. Le bonjour,
ma bonna damma !    bonjour, ma bonne dame !
Me fo vos diri una zu-    Il me faut vous dire une
sa, ma fot pas avei mos    chose mais il ne faut pas
gro : L’atro zor ma fenna a    m’avoir mauvais gré : l’autre
ita à Zierro por una zusa de    jour ma femme a été à Sierre
maizon, a trova Monsieu    pour une chose domestique,
    trouver Monsieur votre père
vutrum piri Pancra Curtu    Pancrace1 de Courten.
    Etant alors enceinte d’un
Etant adons enceinta    enfant, elle avait demandé
d'un efan, avei demanda    Monsieur Pancrace comme
Monsieur Pancra por pa-    parrain (étant) en bonne
rin, de bounna conezince    connaissance avec lui. Alors
avi lui. Adon, Monsieu a    Monsieur a dit qu’il fallait
dit que falli demanda vos    demander à vous pour mar-
por mereina – vos mi pro-    raine – vous êtes plus proche
zo dè nos – e Monsieu    (parente) de nous -, et Mon-
Kabremattre mi rizu.    sieur Kalbermatten plus ri-
Adons ma fenna a acaus-    che. Alors ma femme a ac-
cha d’un bieu matton, miè    couché d’un beau garçon, au
sta nit.    milieu de cette nuit.
    Alors, il faudra venir jeu-
Adon fôdra veni dezau    di chez nous à Chalais faire
ver nos a Zalei firi lu servi-    le service de marraine à mon
cu de mareina a mon mat-    garçon. Il faudra lui donner
ton : lei foudra le baillie le    le nom de Jeudi-Gras pour
nom de dezou gras por son    son patron – étant un bien
patron – etant un bin bieu    beau nom. – Votre monsieur
nom – Vutru Monzieu vin-    viendra également avec
dra tot pari avi vos ; fudra    vous ; il faudra amener aussi
amena vutrum maton aze-    votre garçon : nous avons
bin : nos ains envidi de la    envie de le voir.
Viri.    
    Nous vous servirons de
Nos vos Zerviron de    bonne crème de chèvre dans
bunna cramma de chevri    une écuelle bien grasse, puis
dens un (a) catella, bin gra-    du fromage de trois cents
za. Puei de fromazu de trei    ans, trente jours, cinq heures,
cent an trente zor zinq hau-    beau jaune, comme le soleil,
ri, biou zanu come lo zolei,    du pain, du miel et (du) sucre
ee pan, di mei et sôcro avi    avec de l’orge. Mais il ne faut
die l’orzo. Ma fo pas man-    pas manquer ! Il (nous) faut
qua ! Le fo tot savei. – Por    savoir bientôt. – Pour par-
parin ain demanda lu pre-    rain, nous avons demandé le
sident Grebouile. – Le de-    président Griboulle - . Le
zau gras a miezor l’aura du    Jeudi-Gras à midi, l’heure du
bateimu ! Vos manquerei    baptême ! Vous ne manque-
pas, z’i vos pli, por fir plizi    rez pas, s’il vous plaît, pour
a nos !    faire plaisir à nous ! La
La fenna e me vos za-    femme et moi nous vous sa-
luon bin.    luons bien. Adieu en atten-
 Adiu en attendin.    dant.

    Zaqui Zabla zu        Jacques Coupe-Choux



1 Les « Généalogies et services militaires, parus à Metz en 1885, donnent quelques renseignements sur ce Antoine-Pancrace de Courten, fils du Grand Bailli Eugène de Courten. Pancrace naquit à Sierre en 1720. Il eut quatre enfants dont une seule fille, incontestablement la destinataire de la lettre de Jacques Coupe-Choux. Le chalet qu’il construisit à Vercorin en 1777 resta célèbre par ses chambres placées sous le vocable d’un saint ou d’une sainte et leus deux vénérable tilleuls dominant la place. C’est dans cette habitation, dans la chambre « St-Louis » plus exactement, que résida l’écrivain Mario*** (Marie Trolliet), un siècle plus tard, durant l’été 1885, lors d’un séjour dans la région.